Paris 2024 : les restaurateurs toujours dans l’attente d’indemnisations, la colère monte

Malgré le succès médiatique des Jeux olympiques de Paris 2024, les restaurateurs de la capitale tirent un bilan amer de l’événement. Sept mois après la fin des compétitions, ils attendent toujours des compensations promises, dans un climat de frustration grandissante.
Des Jeux fastueux, un revers économique amer
Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont été salués dans le monde entier pour leur organisation, leur esprit festif et leur rayonnement culturel. Pourtant, pour de nombreux professionnels de la restauration à Paris, cet été de sport et de célébration a rimé avec désertification des quartiers, fermetures imposées, restrictions de circulation et pertes financières majeures.
Sept mois plus tard, quatre fédérations du secteur montent au créneau. Dans un communiqué publié le 31 mars, les branches franciliennes du Groupement des Hôtelleries & Restaurations (GHR), de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), de la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD) et du Sneg & co, qui représente les établissements festifs, dénoncent l’inaction totale de la commission d’indemnisation censée soutenir les acteurs économiques touchés.
Une commission fantôme et une colère bien réelle
Selon les organisations signataires, la promesse d’une commission chargée de dédommager les commerçants impactés par les JO ne s’est traduite par aucune mesure concrète. Pire, elles s’interrogent sur la réalité même de cette structure : « Aujourd’hui, cette commission ne fait rien, peut-être parce qu’elle n’existe tout simplement pas », lancent-elles avec une ironie amère.
Les fédérations affirment que les pertes de chiffre d’affaires ont été massives pour de nombreux établissements parisiens. À rebours du récit officiel célébrant la réussite des Jeux, elles décrivent une saison estivale catastrophique pour leurs adhérents : peu de clients, une clientèle touristique peu consommatrice, une fréquentation erratique, et des contraintes logistiques lourdes pour les commerçants.
Des comptes à rendre et des millions à redistribuer
Face à cette situation, les fédérations réclament des comptes aux pouvoirs publics, en particulier au ministère de l’Économie, pointé du doigt pour son silence prolongé. Elles proposent une solution directe : utiliser l’excédent budgétaire du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 – soit 26,8 millions d’euros – pour venir en aide aux professionnels lésés.
« Nous proposons que cet excédent soit en partie utilisé pour indemniser les acteurs économiques impactés par les JO », peut-on lire dans le communiqué. Les organisations assurent être prêtes à dialoguer, mais demandent, non sans ironie, à ce que cette fameuse commission se manifeste enfin, ne serait-ce que pour prouver son existence.
Une proposition raisonnable face à une détresse palpable
Ce surplus budgétaire, annoncé en décembre dernier par le Comité d’organisation des Jeux (Cojo), provient notamment du succès de la billetterie. Selon la répartition initialement prévue, une partie de ces 26,8 millions doit revenir au Comité national olympique et sportif français (CNOSF), une autre au Comité international olympique (CIO), et environ 60 % doivent être consacrés au développement du sport français.
Mais pour les fédérations de restaurateurs, il semble logique que ce pactole bénéficie aussi à ceux qui ont payé le prix fort de l’événement, en particulier ceux que la promesse olympique a laissés exsangues. D’autant plus que la réussite de Paris 2024 a largement reposé sur une mobilisation locale exceptionnelle et un tissu économique qui a su s’adapter, parfois au détriment de sa propre viabilité.
Le revers de la médaille olympique
Ce nouvel épisode illustre une fois encore la fracture qui peut exister entre la mise en scène réussie d’un événement mondial et ses conséquences concrètes pour les acteurs du quotidien. Derrière les paillettes des cérémonies, les records sportifs et les images diffusées dans le monde entier, des milliers de commerçants parisiens peinent à sortir la tête de l’eau.
La situation soulève également une question plus large : comment organiser des événements d’une telle ampleur sans sacrifier l’écosystème économique local ? Si les JO sont censés être une fête pour tous, encore faut-il que ceux qui y participent, même indirectement, n’en ressortent pas perdants.
Un bras de fer en perspective ?
En réclamant une part de l’excédent olympique, les restaurateurs ne demandent pas l’aumône, mais un juste retour des choses. Leur appel, relayé dans les médias, pourrait faire pression sur le gouvernement comme sur le Cojo. La balle est désormais dans le camp des autorités : vont-elles faire preuve de réactivité, ou laisser pourrir une situation qui entache le bilan d’un événement pourtant auréolé de succès ?
Une chose est sûre : les fédérations ne comptent pas en rester là. Déterminées à obtenir réparation, elles entendent maintenir la pression dans les semaines à venir, et ne plus se contenter de promesses sans lendemain.