Une technologie de pointe en cours de développement pourrait bouleverser l’histoire de l’athlétisme. À Cambridge, une start-up britannique teste une piste connectée qui augmenterait les performances de 20 %. Le légendaire record de 9’’58 d’Usain Bolt pourrait-il bientôt appartenir au passé ?
Un record mythique, encore intouchable en 2024
Depuis le 16 août 2009, date à laquelle Usain Bolt a pulvérisé le record du monde du 100 mètres en 9 secondes et 58 centièmes lors des Championnats du monde de Berlin, aucun sprinteur n’est parvenu à s’approcher sérieusement de cette marque. À Paris, lors des Jeux olympiques 2024, la finale fut certes palpitante, mais les chronos sont restés bien en deçà de cette performance hors norme : Noah Lyles et Kishane Thompson ont chacun signé un 9’’79, tandis que Fred Kerley a franchi la ligne en 9’’81.
Hormis Bolt, seuls deux hommes ont couru sous les 9’’70 : l’Américain Tyson Gay (9’’69 en 2009) et le Jamaïcain Yohan Blake (9’’69 en 2012). Le niveau est donc exceptionnel, mais pas révolutionnaire. On commence même à se demander si ce record est humainement accessible… à moins qu’un coup de pouce technologique ne vienne tout changer.
Une super piste testée dans les laboratoires de Cambridge
La société britannique Feldspar pourrait bien être à l’origine d’un tournant majeur. Cette entreprise, basée près de Cambridge, travaille actuellement sur une piste d’athlétisme à la pointe de l’innovation. Imaginée par Alvina Chen, ancienne sprinteuse reconvertie en cheffe d’entreprise, cette piste nouvelle génération est dotée de capteurs et de matériaux de haute technologie qui la rendent beaucoup plus réactive que les revêtements traditionnels.
Selon les premiers essais, les performances enregistrées sur cette surface seraient environ 20 % supérieures à celles obtenues sur les pistes classiques, comme celles utilisées à Paris pour les JO. Une progression qui pourrait permettre à un athlète de courir en 9 secondes, voire un peu moins, sur 100 mètres.
Une surface qui change les règles du jeu
« Je constate que les chaussures, les méthodes d’entraînement et la nutrition ont beaucoup évolué. Mais il y a une chose qui n’a pratiquement pas changé : la surface de la piste », souligne Alvina Chen. C’est précisément ce constat qui a mené à la création de cette piste dite « intelligente ».
Grâce à une technologie embarquée, elle mesure en temps réel la longueur de foulée, le positionnement du pied et la force appliquée au sol par chaque pas. Des données précieuses qui permettent non seulement d’optimiser la performance de l’athlète, mais aussi de limiter sa dépense énergétique.
La piste agit donc comme un véritable partenaire d’entraînement. En comprenant mieux leur propre biomécanique, les coureurs pourraient affiner leur technique, gagner en efficacité, et repousser les limites connues jusqu’ici.
Une avancée bénéfique pour la santé des athlètes
Au-delà de l’aspect purement compétitif, cette nouvelle technologie présente un avantage majeur : la réduction du risque de blessure. En diminuant la fatigue musculaire et en permettant un meilleur contrôle des appuis, cette piste « intelligente » favoriserait une récupération plus rapide et des saisons plus longues. De quoi séduire les entraîneurs autant que les athlètes, souvent confrontés à des pépins physiques en pleine saison.
Ce n’est pas tout : l’ensemble des données collectées pourrait également enrichir les retransmissions télévisées. Visualisation des forces, animations en direct, comparaisons entre les foulées… Autant de nouveaux outils pour captiver les spectateurs et offrir une expérience immersive lors des grands championnats.
Un avenir encore incertain, mais prometteur
La question reste cependant entière : cette technologie doit-elle être autorisée en compétition officielle ? World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, n’a pas encore tranché. Si elle a déjà interdit certaines innovations comme les chaussures à ressorts ou les pistes trop inclinées, elle s’est montrée plutôt ouverte concernant le projet de Feldspar.
L’entreprise a confirmé l’existence de « discussions positives » avec l’instance dirigeante. Rien n’est encore acté, mais les signaux sont encourageants. Si la piste devait être homologuée, cela pourrait entraîner une révolution comparable à celle des combinaisons en natation ou des skis paraboliques en ski alpin.
Usain Bolt bientôt détrôné ?
Avec cette nouvelle technologie, le rêve de voir un homme courir le 100 mètres en moins de 9 secondes redevient crédible. Reste à savoir si l’on considérera ce genre de performance comme une progression naturelle du sport, ou comme une dérive technologique. Le débat est ouvert, et il ne manquera pas d’alimenter les discussions entre puristes et modernistes.
Une chose est sûre : l’héritage d’Usain Bolt, déjà entré dans la légende, pourrait bien être challengé. Pas forcément par un nouvel athlète surhumain, mais par une piste qui, en changeant les règles du jeu, pourrait redessiner l’histoire de l’athlétisme.
