Le constructeur britannique, emblème du luxe et de la performance, veut céder une part de son écurie de Formule 1 pour compenser ses lourdes pertes financières. Mais pas question de quitter la grille de départ : le sponsoring reste intact.
Un repli stratégique sans abandon
Coup de tonnerre dans les paddocks : Aston Martin, le mythique constructeur britannique, a annoncé son intention de céder sa participation minoritaire dans son écurie de Formule 1. Ce retrait partiel, motivé par une situation financière difficile, s’inscrit dans une stratégie plus large destinée à lever plus de 125 millions de livres sterling, soit environ 150 millions d’euros. L’objectif est clair : alléger les pertes et relancer une dynamique plus vertueuse pour une marque de prestige, qui reste profondément attachée à la discipline reine du sport automobile.
La décision est toutefois à nuancer : il ne s’agit pas pour Aston Martin de tirer un trait sur la Formule 1. Le partenariat de sponsoring avec l’équipe, notamment avec le géant pétrolier saoudien Aramco, est maintenu à long terme. Le nom Aston Martin continuera donc à briller sur les monoplaces vert foncé, sur les circuits du monde entier.
Des pertes abyssales à combler
Si la firme fondée en 1913 est synonyme d’élégance, de puissance et de raffinement, ses comptes, eux, sont loin d’être reluisants. L’année 2024 a été particulièrement éprouvante, avec un accroissement significatif des pertes. Dans ce contexte, la vente de la participation dans l’équipe Aston Martin Aramco Formula One apparaît comme une mesure de bon sens économique.
La valeur comptable actuelle de cette participation est estimée à environ 74 millions de livres (88 millions d’euros), mais Aston Martin espère en tirer davantage. L’opération s’inscrit dans un plan de refinancement plus global, visant à renforcer la trésorerie et à rééquilibrer les finances d’une entreprise qui a beaucoup investi ces dernières années pour retrouver son lustre d’antan, notamment en F1.
Un engagement sportif intact
Le retour d’Aston Martin en Formule 1, officialisé en 2021 après plusieurs décennies d’absence, faisait partie d’un vaste plan de repositionnement de la marque dans le secteur de la haute performance. Un pari ambitieux, mais coûteux. Malgré les difficultés, le constructeur entend rester présent sur les circuits.
La structure F1 basée à Silverstone conserve donc son identité : Aston Martin Aramco continue d’orner les monoplaces, et les pilotes Fernando Alonso, double champion du monde, et Lance Stroll, fils du propriétaire majoritaire Lawrence Stroll, sont toujours en lice. Après deux Grands Prix en Australie et en Chine, l’écurie pointe à la 7e place du championnat du monde — une position qui ne reflète pas encore les ambitions affichées en début de saison, mais qui pourrait évoluer avec les prochaines courses.
Vers un nouvel investisseur stratégique
Aston Martin n’a pas précisé la taille exacte de la participation mise en vente ni dévoilé l’identité de potentiels acheteurs. Cependant, l’écurie a mandaté la banque d’investissement Raine Group pour identifier un « investisseur stratégique » capable d’apporter une valeur ajoutée sur le long terme, aussi bien pour l’équipe que pour la marque elle-même.
Le profil recherché est donc plus qu’un simple partenaire financier : il s’agit de trouver un allié capable de renforcer les fondations de l’écurie et de l’accompagner dans sa quête de performance, de stabilité économique et de notoriété internationale. Ce nouvel investisseur pourrait devenir un acteur clé dans la transformation d’Aston Martin en une force durable de la F1.
Un équilibre entre image et rentabilité
Cette opération illustre les tensions entre les exigences économiques d’un constructeur automobile de luxe et la réalité budgétaire d’un sport aussi exigeant que la Formule 1. Pour Aston Martin, il s’agit de préserver son image d’excellence tout en ajustant ses ambitions à ses capacités réelles.
Le maintien du sponsoring est un signal fort : la marque entend continuer de capitaliser sur l’exposition mondiale qu’offre la F1, sans pour autant porter seule le poids financier d’une écurie entière. C’est une manière de rationaliser les dépenses tout en demeurant un acteur visible et crédible dans l’univers ultra-compétitif des Grands Prix.
Conclusion : rester dans la course, autrement
Aston Martin ne quitte pas la Formule 1, mais elle ajuste sa stratégie. En cédant une partie de sa participation dans son écurie tout en conservant son nom sur la carrosserie, elle cherche à concilier prestige et pragmatisme. Le constructeur joue une carte importante dans un contexte économique difficile, espérant ainsi continuer à séduire les passionnés de sport automobile, les investisseurs… et peut-être James Bond lui-même.