6 nations : une victoire « inachevée » du XV de France, selon Bernard Laporte

Le XV de France a remporté l’édition 2025 du Tournoi des 6 Nations, mais Bernard Laporte regrette un Grand Chelem manqué d’un souffle. Pour lui, l’ancien sélectionneur la victoire est belle mais incomplète. Il revient aussi sur les choix tactiques de Fabien Galthié, qu’il soutient avec vigueur.
Un Tournoi gagné, un Grand Chelem envolé
Les Bleus ont atteint leur objectif : soulever le trophée du Tournoi des 6 Nations. Un exploit salué par toute la planète rugby, surtout après une Coupe du monde terminée en eau de boudin. Mais pour Bernard Laporte, le bilan reste teinté d’amertume. « C’est mérité, c’est super de gagner, mais c’est inachevé », a-t-il confié dans les colonnes du Midi Libre. Ce petit goût d’inachevé vient d’un seul match : une courte défaite d’un point face à l’Angleterre à Twickenham.
Un revers qui fait d’autant plus mal que le XV de France avait les moyens de tout rafler. « On est vraiment passé près du Grand Chelem », soupire Laporte. Cette performance parfaite, rare et symbolique dans l’histoire du rugby français, semblait à portée de main. Le XV de France en est resté à dix Grands Chelems malgré 27 victoires dans le Tournoi. Un chiffre qui illustre bien à quel point le Grand Chelem est une conquête à part.
La surprise générale… y compris pour Laporte
Avant le début du Tournoi, peu d’observateurs misaient sur une victoire finale des Bleus. Et Bernard Laporte le reconnaît sans détour : « Tu m’aurais demandé qui allait gagner, j’aurais dit l’Irlande. » Le sélectionneur entre 2000 et 2007 et ancien président de la FFR ne faisait donc pas partie des optimistes. Pourtant, il admet volontiers avoir vu au fil des matchs le potentiel d’un groupe capable de renverser les montagnes.
Ce XV de France a surtout impressionné par sa capacité à rebondir. Après le coup dur à Twickenham, les hommes de Fabien Galthié ont signé une victoire magistrale à Dublin, face à une équipe d’Irlande invaincue à domicile depuis plus de deux ans. Une performance qui démontre la force mentale et la profondeur du groupe tricolore.
Une tactique 7-1 assumée et défendue
Parmi les choix forts de Fabien Galthié lors de ce Tournoi, l’utilisation d’un banc 7-1 – sept avants et un seul trois-quarts – a beaucoup fait parler. Utilisé d’abord contre l’Italie, ce schéma inédit a ensuite été reconduit face à l’Irlande et l’Écosse. Une approche audacieuse qui a permis aux Bleus de dominer physiquement leurs adversaires dans les phases de conquête et les rucks.
Bernard Laporte, désormais directeur sportif du MHR, soutient totalement cette stratégie. « Ça m’agace un peu. Ce sont des faux procès. Tu as le droit à huit remplaçants, tu fais ce que tu veux », tranche-t-il. Pour lui, critiquer ce choix revient à ignorer les règles du jeu : « C’est un risque de faire 7-1. Si l’entraîneur veut prendre ce risque, il a le droit. Celui qui a pris le plus gros, c’est Rassie Erasmus quand il fait ce 7-1 en finale de Coupe du monde 2023. Il a le droit le mec. Moi, ça ne me gêne pas. »
Laporte rappelle ici que l’innovation fait partie intégrante du sport de haut niveau. Et que les résultats ont, une fois encore, donné raison à Galthié.
Galthié entre pression et affirmation
Ce Tournoi 2025 n’était pas seulement un enjeu sportif. Il était aussi un test pour la légitimité de Fabien Galthié, très critiqué après l’échec mondial. Le sélectionneur a su répondre avec autorité en réaffirmant ses convictions, tant dans le choix des hommes que dans celui des systèmes.
La gestion du groupe, la réintégration de cadres, l’éclosion de jeunes talents et les options tactiques audacieuses montrent que Galthié a gardé la main. Et qu’il n’a pas cédé à la panique. Le soutien de Laporte, loin d’être anodin, confirme que le sélectionneur bénéficie encore du crédit de figures fortes du rugby français.
Une victoire à savourer… mais à dépasser
En rugby comme ailleurs, l’histoire retient les grandes victoires et les échecs marquants. Gagner le Tournoi est un accomplissement. Mais ne pas décrocher le Grand Chelem malgré un potentiel évident laisse un léger goût amer, comme un festin sans dessert. « Oui, on a gagné. Mais ça fait râler », insiste Laporte.
Le message est clair : le XV de France ne doit pas se satisfaire de cette belle performance. Il doit s’en nourrir pour viser plus haut encore. À commencer par l’édition 2026, où l’objectif sera sans doute de ne rien laisser en route.