Ntamack écarte les JO 2028 : « Tout le monde ne s’appelle pas Antoine Dupont »

Alors que la réussite d’Antoine Dupont aux Jeux olympiques 2024 a marqué les esprits, Romain Ntamack, son complice du Stade Toulousain et du XV de France, refuse de suivre ses traces. Trop de pression, trop de risques, et surtout une ambition intacte en club comme en sélection.
Pas de rêve olympique pour Ntamack
Le rugby à 7 ne verra pas Romain Ntamack fouler ses pelouses en 2028. Dans une interview accordée à L’Équipe, l’ouvreur du Stade Toulousain a été clair : les Jeux olympiques de Los Angeles ne font pas partie de ses objectifs. Et ce, malgré l’exemple flamboyant de son coéquipier Antoine Dupont, sacré champion olympique à Paris en 2024.
Interrogé par un lecteur sur la possibilité de le voir tenter l’aventure à 7, Ntamack a répondu sans détour :
« Non, parce qu’il faudra passer après l’équipe qui a gagné les JO à Paris. »
Il ajoute avec un sourire :
« On verra d’ici là, mais non. On a l’impression que c’est facile parce qu’Antoine (Dupont) l’a fait, mais je ne suis pas certain que tout le monde soit capable de faire ça. »
Ce n’est donc pas une question de défi ou d’envie, mais plutôt de réalisme et de lucidité. Dupont a rendu la performance presque banale… mais ce qu’il a accompli est tout sauf ordinaire.
Dupont, un exemple devenu référence… trop pesante ?
Il faut dire que l’été 2024 a marqué un tournant dans la carrière de Dupont, mais aussi dans l’histoire du rugby français. En rejoignant l’équipe de France à 7 pour les Jeux de Paris, le capitaine du XV de France a bousculé les codes, brillé sur un autre terrain, et offert à la France une médaille d’or historique en battant les Fidji en finale (28-7).
Cette réussite exceptionnelle, couplée à sa popularité déjà immense, a installé un nouveau modèle de polyvalence et d’ambition. Mais pour Ntamack, cela a aussi placé la barre très haut, peut-être trop haut :
« On a l’impression que c’est facile parce qu’Antoine l’a fait. »
Et c’est justement pour cela que le Toulousain préfère rester concentré sur ce qu’il maîtrise le mieux : le rugby à XV.
Un compétiteur pur jus
Ce refus n’est pas le signe d’un manque d’ambition, bien au contraire. Romain Ntamack est un compétiteur acharné, un gagneur insatiable. Que ce soit en club ou en sélection, son objectif est toujours le même : soulever des trophées. Et à 25 ans, il en a déjà une sacrée collection.
Avec le Stade Toulousain, il a remporté le Top 14 à quatre reprises (2019, 2021, 2023, 2024) et la Champions Cup deux fois (2021, 2024). En équipe de France, il compte déjà 40 sélections et vient de décrocher un nouveau titre dans le Tournoi des 6 Nations.
« Au Stade Toulousain, on a un groupe qui a l’habitude d’arriver en phase finale au maximum de son potentiel », explique-t-il. « Chaque saison, on a la peur et la crainte de voir quelqu’un d’autre soulever les trophées. On sait l’adrénaline que ça procure. »
Il évoque notamment la saison 2022, vécue comme une frustration intense :
« Le fait de voir d’autres équipes gagner à la fin, ça nous a donné des boutons. »
La fidélité au Stade Toulousain avant tout
Pour Ntamack, l’essence même de la motivation vient de cette culture de la gagne, nourrie année après année à Toulouse. L’ouvreur voit dans son groupe une génération exceptionnelle, capable de marquer l’histoire du club rouge et noir.
« L’objectif, c’est de gagner tout le temps. On trouve des leviers de motivation où on peut. Ça peut être aussi de devenir la génération du Stade Toulousain qui a le plus gagné. »
Une ambition claire, assumée, et qui ne laisse pas de place à d’autres projets, même aussi prestigieux que les Jeux olympiques.
« Le jour où on n’aura plus cette flamme, je pense que certains mecs partiront. Là, il n’y a aucune raison d’aller voir ailleurs, ou alors pour de mauvaises raisons. »
Pas de doute : Ntamack sait où il veut aller, et ce chemin ne passe pas par Los Angeles.
Deux trajectoires, une même exigence
Le contraste avec Antoine Dupont est saisissant. Là où ce dernier multiplie les aventures, s’ouvre à d’autres formats et multiplie les casquettes (capitaine, ambassadeur, joueur olympique), Ntamack reste fidèle à sa ligne : celle d’un meneur discret, méthodique, focalisé sur l’excellence à XV.
Mais si les chemins sont différents, les ambitions restent similaires : écrire l’histoire. Que ce soit sur les pelouses de Top 14, en Champions Cup ou sous le maillot bleu, les deux hommes partagent cette obsession de la performance, du collectif et du dépassement.
Alors non, Ntamack ne fera pas les Jeux. Mais s’il continue sur sa lancée, il pourrait bien soulever encore bien plus de trophées qu’un simple anneau doré.