Argentine-Brésil : tensions, insultes et revanche au Monumental, le clásico sous haute tension

Privé de Messi et Neymar, le choc entre l’Argentine et le Brésil en qualifications pour le Mondial 2026 n’a rien perdu de son intensité. Entre déclarations incendiaires, rancunes tenaces et souvenirs douloureux, l’ambiance s’annonce explosive ce soir au stade Monumental de Buenos Aires. Retour sur une rivalité qui dépasse le cadre du terrain.
Un clásico toujours brûlant, même sans Messi et Neymar
Le duel entre l’Argentine et le Brésil est une institution en Amérique du Sud. Même sans Lionel Messi ni Neymar, le match prévu mardi soir (1h du matin en France) au stade Monumental de Buenos Aires, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, cristallise toutes les passions. Et cette fois encore, l’ambiance s’annonce électrique, en tribunes comme sur la pelouse.
Si l’aspect sportif est crucial – un nul suffirait à l’Albiceleste pour valider son billet pour le Mondial – les projecteurs se braquent surtout sur le climat de tension extrême qui entoure la rencontre, relancé par les propos incendiaires de Raphinha, l’ailier du FC Barcelone.
Raphinha ravive la flamme avec des propos incendiaires
Jusqu’au week-end dernier, le match n’attirait pas une attention démesurée depuis l’Europe. Mais une interview accordée par Raphinha à Romario, légende du football brésilien, a mis le feu aux poudres.
« Il faut les tabasser ! Sans hésiter. Sur le terrain et en dehors s’il le faut », a lâché le joueur brésilien au sujet des Argentins. Invité par Romario à « planter un putain de but », l’ancien Rennais a surenchéri : « Je vais tout mettre, qu’ils aillent se faire foutre. »
Ces déclarations, d’une rare violence verbale, ont immédiatement embrasé l’Argentine. Selon la presse brésilienne, Raphinha n’aurait toujours pas digéré le coup de coude non sanctionné de Nicolas Otamendi reçu lors d’un match tendu en novembre 2021.
Une rancune encore vive depuis le match aller
L’épisode fait directement écho au match aller entre les deux sélections, disputé au Maracanã le 21 novembre 2023. Ce soir-là, l’Argentine l’avait emporté 1-0, infligeant au Brésil sa première défaite à domicile de l’histoire en qualifications pour une Coupe du monde. Un affront.
Mais plus encore que le résultat, c’est le contexte chaotique autour de la rencontre qui reste dans les mémoires. Des bagarres en tribunes, une répression policière brutale contre les supporters argentins, et un coup d’envoi retardé de 30 minutes.
Emiliano « Dibu » Martinez avait dû s’interposer physiquement face aux forces de l’ordre, tandis que Lionel Messi dénonçait publiquement les agissements des autorités brésiliennes. Angel Di Maria, lui, avait répondu à des jets de projectiles… en crachant en direction des tribunes brésiliennes.
Autant dire que ce match retour au Monumental revêt des allures de revanche, bien au-delà du score.
Une rivalité historique et… sanitaire
La rivalité entre l’Argentine et le Brésil ne date pas d’hier. Avec cinq Coupes du monde pour le Brésil et trois pour l’Argentine, les deux géants du football sud-américain se partagent une histoire faite de triomphes, de drames, et d’incidents.
L’un des plus marquants reste celui de septembre 2021, lors d’un autre match de qualification, interrompu au bout de cinq minutes.
Des agents de l’Anivisa, l’agence sanitaire brésilienne, étaient entrés sur la pelouse pour exiger l’expulsion de quatre joueurs argentins évoluant en Angleterre et accusés de violation des protocoles Covid. La rencontre avait été définitivement annulée l’année suivante. Une scène surréaliste qui avait une nouvelle fois tendu les relations entre les deux fédérations.
L’Argentine domine, le Brésil doute
Sur le plan sportif, le contraste entre les deux sélections est flagrant ces dernières années. L’Argentine, après avoir remporté la Copa América en 2021 (justement contre le Brésil), a enchaîné avec un titre de championne du monde en 2022, une Finalissima face à l’Italie, et une nouvelle Copa América en 2024, la 16e de son histoire.
Le Brésil, de son côté, enchaîne les désillusions. Éliminé en quart de finale du Mondial 2022, puis de la dernière Copa América, la Seleção est également en perte de vitesse dans ces qualifications, bien qu’encore en course pour le Mondial.
Le sélectionneur Dorival, d’abord intérimaire, a été confirmé mais reste fortement critiqué pour le manque de liant et d’identité dans le jeu brésilien.
L’Argentine tente de calmer le jeu… malgré l’ironie
Face aux déclarations de Raphinha, les réactions ont été contrastées côté argentin. Angel Di Maria s’est déclaré « mort de rire » sur les réseaux sociaux. Mais le sélectionneur Lionel Scaloni a, lui, tenté de désamorcer la tension.
« C’est Argentine-Brésil, c’est important, mais ça reste un match de football », a-t-il déclaré en conférence de presse. Il a également évoqué la belle image de Messi et Neymar assis côte à côte au Maracanã après la Copa América 2021, comme symbole de respect entre deux grandes nations.
« Le Brésil a le potentiel pour nous dominer, car c’est l’une des meilleures équipes du monde. Nous serons prêts à cela », a conclu Scaloni, refusant de nourrir l’animosité.
Un choc sous haute tension
Ce mardi, au Monumental, le football ne sera peut-être pas seul au centre de l’attention. Entre rancunes passées, déclarations incendiaires et pression des supporters, le match Argentine-Brésil pourrait bien franchir, une fois de plus, les limites du simple affrontement sportif.
Reste à espérer que le spectacle sur le terrain prenne le pas sur la tension dans les tribunes. Car si les deux nations partagent une immense histoire, leur rivalité n’a jamais autant eu besoin de respect que de revanche.