Sport féminin : un marché en plein boom

Le sport féminin professionnel va probablement franchir une étape historique. D’après une étude dévoilée mardi 18 mars par le cabinet Deloitte, les revenus mondiaux générés par les compétitions féminines devraient atteindre 2,35 milliards de dollars (environ 2,15 milliards d’euros) en 2025. Une envolée spectaculaire comparée aux 1,88 milliard de dollars estimés pour 2024, soit une progression de 240 % en seulement quatre ans.
Cette croissance est alimentée par une série de compétitions majeures qui se tiendront en 2025, à commencer par la Coupe du monde de rugby féminin en Angleterre, programmée du 22 août au 27 septembre. Cet événement pourrait marquer un tournant dans la structuration économique du sport féminin à l’échelle mondiale.
Le rugby féminin en première ligne
Le choix de l’Angleterre pour accueillir la Coupe du monde de rugby féminin 2025 n’est pas anodin. Le pays dispose d’infrastructures solides et d’un public fidèle. World Rugby a d’ailleurs annoncé en février que les ventes de billets pour cette édition étaient déjà supérieures de 50 % à celles de la Coupe du monde 2021 en Nouvelle-Zélande, avec plus de 220 000 billets écoulés à plusieurs mois du coup d’envoi.
Un tel engouement illustre l’intérêt croissant du public pour le sport féminin, et surtout le potentiel commercial encore sous-exploité de ses grandes compétitions. La visibilité accrue de ces événements favorise également la montée en puissance des ligues nationales, qui bénéficient d’un regain d’attention médiatique et de nouveaux partenariats.
Basket et football : les locomotives du marché
Si le rugby profite d’une dynamique positive, le basket et le football restent les deux disciplines les plus lucratives dans l’univers du sport féminin. Toujours selon Deloitte, le basketball féminin devrait générer à lui seul un milliard de dollars (environ 916 millions d’euros) en 2025, grâce notamment à la croissance continue de la WNBA (Women’s National Basketball Association) et à l’intérêt grandissant pour les ligues européennes.
Le football féminin, lui, est en pleine mutation. Son chiffre d’affaires attendu pour 2025 est estimé à 820 millions de dollars (environ 751 millions d’euros). Ce dynamisme est nourri par le succès grandissant des compétitions continentales et mondiales, ainsi que par une médiatisation accrue. La Coupe du monde de football féminin 2027, qui se tiendra au Brésil, devrait également jouer un rôle moteur pour poursuivre cette expansion au-delà de 2025.
Un attrait commercial sans précédent
« L’attrait commercial du sport féminin et de ses athlètes n’a jamais été aussi fort », explique Jennifer Haskel, responsable des analyses chez Deloitte. Elle souligne que cette croissance s’est accélérée malgré des ressources historiquement limitées. Les compétitions, les clubs et les joueuses parviennent désormais à générer des revenus importants, preuve que le modèle économique du sport féminin est en train de changer d’échelle.
Billetterie, droits télévisés, sponsoring, merchandising, partenariats et publicité : les sources de revenus se diversifient, à mesure que les marques s’intéressent davantage aux valeurs incarnées par le sport féminin – authenticité, accessibilité, et égalité. Cette évolution reflète aussi une attente sociétale plus large en faveur de la visibilité et de la reconnaissance des femmes dans le sport.
Des défis pour pérenniser la croissance
Si les perspectives sont enthousiasmantes, la réussite à long terme du sport féminin nécessitera des mesures concrètes pour accompagner cette croissance. Jennifer Haskel insiste sur la nécessité d’un soutien structurant après les grands rendez-vous : « Les grands événements augmentent la visibilité et la participation, mais des mesures doivent être prises après ces grands rendez-vous pour assurer le succès des ligues et des clubs au niveau national. »
Investir dans les infrastructures, garantir une couverture médiatique régulière, professionnaliser les championnats, soutenir la formation et l’encadrement des jeunes talents : autant de leviers pour que cette dynamique ne soit pas éphémère. L’engagement des instances sportives, des gouvernements et des sponsors jouera un rôle central dans la construction d’un écosystème viable.
Une nouvelle ère pour le sport féminin
Le cap symbolique des 2 milliards d’euros de revenus attendus en 2025 ne représente pas une fin en soi, mais le début d’une nouvelle ère pour le sport féminin. La croissance actuelle témoigne d’un potentiel encore sous-exploité, et les opportunités économiques s’annoncent multiples si les investissements suivent.
À travers une meilleure médiatisation, une offre plus riche pour le public et une reconnaissance accrue des athlètes, le sport féminin est en train de se forger une place à part entière dans l’industrie du sport professionnel. Et cette place, il semble qu’elle soit enfin en train d’être reconnue à sa juste valeur.