Pascal Martinot-Lagarde, l’étincelle retrouvée pour un dernier tour de piste

Après deux ans d’absence sur la scène internationale, Pascal Martinot-Lagarde, figure emblématique du sprint haies français, effectue un retour inattendu aux Mondiaux en salle à Nankin. À 33 ans, pour ce qui s’annonce comme sa dernière compétition internationale, il retrouve l’enthousiasme de ses débuts et veut savourer chaque instant.
Une tournée d’adieux… qui prend un virage
L’hiver 2024 devait être celui des adieux en douceur pour Pascal Martinot-Lagarde, plus communément appelé « PML ». Après une période marquée par les blessures et un échec à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris, l’athlète français avait annoncé une ultime saison en salle, pensée comme une tournée de remerciements au public et à la discipline.
Mais c’était sans compter sur un dernier sursaut du champion. Lors du meeting de Bercy début février, il claque un impressionnant 7 secondes 54 sur 60 m haies. Ce chrono, synonyme de minima pour les Championnats d’Europe et les Mondiaux, relance totalement la donne. « Surprise, c’est le mot », lâche-t-il après la course. « J’estimais que j’étais vieux et que c’était bientôt la fin… mais je viens de remettre une pièce dans la machine ! »
Une sélection tombée du ciel
PML visait alors l’Euro en salle, prévu mi-mars aux Pays-Bas. Malheureusement, une angine et une blessure à l’adducteur viennent freiner sa dynamique. Résultat : il termine seulement quatrième des Championnats de France, alors que seuls les trois premiers décrochent leur ticket. La déception est forte, mais l’ancien champion sait tourner la page. « J’ai vite enterré la saison hivernale », raconte-t-il.
Puis, dix jours plus tard, un message de son père vient bouleverser ses plans : il est encore sélectionnable pour les Mondiaux à Nankin. « J’ai dit à mon coach et à la Fédération : si je peux avoir l’honneur de porter une dernière fois le maillot de l’équipe de France, je saute dessus ! » Et le voilà reparti, comme au premier jour, le sourire aux lèvres et les jambes libérées.
Le palmarès d’un pilier de l’athlétisme tricolore
Difficile d’évoquer le sprint haies français sans citer Pascal Martinot-Lagarde. Champion d’Europe en 2018 sur 110 m haies, médaillé de bronze mondial en 2019, triple vice-champion du monde en salle (2014, 2016, 2022), il totalise pas moins de 12 podiums internationaux entre 2012 et 2022. Et son record national du 110 m haies, établi en 2014 en 12 secondes 95, tient toujours après plus d’une décennie.
Cette longévité, rare à ce niveau de performance, force le respect. Mais au-delà des résultats, c’est l’état d’esprit de l’athlète qui impressionne. « J’ai énormément de chance de finir ma carrière comme ça. Quand tu commences l’athlé, tout te fait rêver. Avec le temps, tu perds cette étincelle. Là, je la retrouve. »
Une dernière danse à Nankin
À Nankin, Martinot-Lagarde ne vient pas pour faire de la figuration. Avec le huitième temps des engagés, il vise clairement une place en finale. Un baroud d’honneur, 13 ans après sa toute première sélection internationale, également lors de Mondiaux en salle à Istanbul, où il avait conquis le bronze à seulement 20 ans.
Aujourd’hui, l’histoire semble vouloir se refermer en beauté. Conscient que cette fois, la fin approche réellement, PML veut profiter. « Je sais que c’est bientôt la fin, et je me mets à chérir chaque moment. J’ai l’impression d’avoir de nouveau 20 ans. »
Après la piste, l’immobilier
La suite, Pascal Martinot-Lagarde la prépare depuis quelque temps déjà. Avec son épouse, il a lancé une entreprise dans l’immobilier. Un nouveau projet de vie, aussi exigeant que sa carrière sportive. « C’est dur d’allier deux gros projets comme ceux-là », confie l’athlète.
Mais il quitte les pistes la tête haute. « J’ai fait ce qu’il y avait à faire, j’ai amassé pas mal de médailles, donc je partirai en paix », conclut-il. Et qui sait, peut-être que cette dernière ligne droite en Chine lui offrira encore un moment de gloire à ajouter à son impressionnant palmarès.
Souvent comparé à une flamme vive et imprévisible sur les haies, Pascal Martinot-Lagarde prouve une fois de plus que la passion peut raviver les plus belles étincelles, même aux portes de l’ultime course.