Disparition de Medhi Narjissi : vers un bras de fer judiciaire ?
Suspendu depuis la disparition du jeune Medhi Narjissi en Afrique du Sud, le manager des Bleus U18 Stéphane Cambos a décidé de porter plainte contre la FFR. Il attaque la fédération pour dénonciation calomnieuse, après qu’un rapport d’enquête interne l’a mis en cause dans ce drame.
L’affaire de la disparition en mer de Medhi Narjissi prend le chemin de la justice. Mis en cause par une enquête interne de la Fédération française de rugby (FFR), Stéphane Cambos, le manager des Bleus U18, a déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse. C’est qu’a annoncé le lundi 30 septembre son avocat Me Arnaud Dupin, dans le quotidien Sud-Ouest.
Mehdi Narjissi disparu en mer le mercredi 7 août dernier
Me Arnaud Dupin déplore que les dirigeants du rugby français aient choisi « de sacrifier un homme, de le clouer au pilori » et de « l’accabler de tous les maux », sans raison valable. Il rappelle qu’il existe en France le principe de la présomption d’innocence, d’ailleurs brandi par Florian Grill, le président de la FFR, lors de son déplacement en Argentine cet été dans le cadre de l’affaire Auradou et Jegou, accusés de viols aggravés par une femme argentine.
Pour rappel, Mehdi Narjissi a disparu en mer le mercredi 7 août dernier, alors qu’il participait aux International Series en Afrique du Sud. Le jeune joueur du Stade Toulousain, fils de l’ancien talonneur professionnel agenais Jalil Narjissi, prenait un bain froid sur la plage de Diaz Beach (près du cap de Bonne-Espérance) quand il a été emporté par une vague. Ses coéquipiers et les membres de l’encadrement n’ont rien pu faire.
L’avocat de Stéphane Cambos parle d’« exécution » de son client
Mi-septembre, la FFR a publié un rapport dans lequel elle indexe les conseillers techniques présents lors de cette séance de récupération. Me Arnaud Dupin rejette l’accusation de la fédération, qui veut que Stéphane Cambos ait été au courant des dangers de Dias Beach et qu’il ait laissé quand même la séance se dérouler. L’avocat estime que « cela revient à le désigner comme responsable de la disparition de Medhi Narjissi ». Pour lui, cela « s’appelle une exécution ».
Me Arnaud Dupin affirme aussi que la FFR a totalement occulté les déclarations de son client, qui aurait exprimé des réticences à l’idée de baignade. Selon lui, Stéphane Cambos a été informé que lorsque la baignade avait déjà commencé. Il précise que le manager et Robin Ladauge, le préparateur physique, sont au même niveau hiérarchique et que le second aurait pu prendre des décisions.
Deux enquêtes en cours sur la disparition de Medhi Narjissi
« Ils sont tous deux cadres techniques nationaux, et n’ont pas de dépendance hiérarchique l’un vis-à-vis de l’autre », souligne l’homme de lois. Ce qui signifierait que le préparateur peut prendre des latitudes avec le programme établi. Dans ce cas, relève Me Dupin, ce serait sa responsabilité. Mais celle-ci doit être déterminée par l’enquête pénale.
Deux enquêtes sont en cours. L’une (administrative) menée par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche ; les résultats sont attendus d’ici fin novembre. Et l’autre (judiciaire) ouverte par le parquet d’Agen pour « disparition inquiétante ». Celle-là se fait à la demande de la famille du joueur. En attendant les conclusions, le ministère des Sports a suspendu plusieurs conseillers techniques sportifs à titre conservatoire.