Malakoff Humanis prévoit une hausse des cotisations santé
Malakoff Humanis, première institution de prévoyance sociale en France, croit inévitable une augmentation des cotisations santé en 2024. Cette hausse attendue serait due au coût des prestations du 100 % Santé, à la dérive des dépenses de santé et à l’inflation.
Le gouvernement a présenté en Conseil des ministres, le mercredi 27 septembre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. Parmi les mesures annoncées figurent le renforcement des modalités de contrôle des arrêts maladie, l’encadrement des téléconsultations et l’abandon du transfert du recouvrement des cotisations Agirc-Arrco aux URSSAF.
Une victoire des assureurs et mutuelles
Cette dernière décision a été adoptée face aux inquiétudes des partenaires sociaux gestionnaires du régime de retraite complémentaire. En particulier Malakoff Humanis, première institution de prévoyance sociale en France. Les groupes paritaires ont pointé un temps trop court pour permettre aux éditeurs de logiciels de paie d’effectuer les modifications nécessaires à un tel transfert. Ils ont également émis des craintes sur une gestion par l’Etat des réserves financières du régime de retraite complémentaire.
La réforme du 100 % Santé, source d’inquiétude
Malakoff Humanis, qui avait critiqué le renforcement des modalités de contrôle des arrêts maladie, continuera donc de collecter les cotisations au sein de l’Agirc-Arrco. Toutefois, l’assureur alerte sur les conséquences de la réforme du 100 % Santé adoptée le 1er janvier 2021. Ce dispositif vise à donner à tous les Français un accès à des soins de qualité et remboursés par l’Assurance Maladie. Il prend en compte les soins dans l’optique, l’audiologie et le dentaire. Laurent Borella, le directeur santé de Malakoff Humanis, regrette que le 100 % Santé ait entraîné une augmentation significative de la consommation.
Vers une augmentation inéluctable des tarifs santé
Cette situation engendre une hausse des coûts pour les complémentaires santé, qui financent à 80 % la réforme. Cette dérive des dépenses s’ajoute à l’inflation persistante. En août et septembre, la flambée des prix a ralenti, mais pas assez aux yeux des économistes. Elle s’est établie à 4,9% sur an le mois dernier, alors que l’objectif de la BCE à court terme est un taux de 2%. Pour Laurent Borella, ce cocktail a évidemment des effets désastreux pour les complémentaires et leurs assurés (entreprises et particuliers). Il pense que les partenaires sociaux n’auront d’autre choix que d’augmenter les tarifs santé pour répondre aux enjeux de soutenabilité de la dépense. « Nous n’aurons d’autre choix que de répercuter les dépenses dans les cotisations qui seront inévitablement en hausse », a annoncé le dirigeant.
Une alerte déjà émise en début d’année
En mars 2023, Laurent Borella avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur le montant de la facture de la réforme des retraites. Le directeur santé de Malakoff Humanis avait déclaré que ce texte tant décrié pourrait avoir un impact négatif sur les mutuelles en 2024. Et que ces assureurs devront relever les tarifs des cotisations l’an prochain pour pouvoir s’en sortir. Malakoff a déjà procédé à une hausse médiane de 7,2% de ses tarifs en 2022. Cette année, il avait évalué l’augmentation à 4,7%. Soit un seuil légèrement en deçà de l’inflation.